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Dragonne, le blog de Michel Alencon
Tuesday, 9 March 2010
Lettre maternelle
Mood:  down
Topic: morceaux choisis

Cette mère si bonne et d'une santé déjà souffrante, on avait dû pourtant la quitter. Les nouvelles qu'on recevait d'abord étaient rares difficiles à cause de la guerre active : depuis quelques mois seulement on les avait plus fréquentes, mais aussi bien tristes et donnant peu d'espoir de la conserver. Madame de Couaën avait reçu une lettre le matin même, et cette course à Saint-Pierre-de-Mer que nous faisions était un pèlerinage qui avait pour but une prière. Elle me déroulait ces circonstances avec une plénitude naïve de paroles, y semant un pittoresque inattendu et nuançant ses pensées successives, sans marquer jamais d'autre passion que celle d'aimer. Nous avions atteint le haut de la côte, nous marchions sur un plateau inégal, hérissé de genêts, d'où s'élevaient ça et là quelques arbres maigres tordus à leur pied par les vents.

Le rivage, à une petite demi-lieue en face de nous, était sourcilleux et sombre. Quoique le soleil à l'horizon touchât presque l'Océan et l'embrasât de mille splendeurs ; les vagues plus rapprochées, qu'encaissaient comme dans une baie anguleuse les hautes masses des rochers se couvraient déjà des teintes épaissies du soir. Cette solitude, en ce moment surtout, donnait l'idée d'une sauvage grandeur. Elle en parut frappée ; après un assez long silence, je la vis plus pâle que de coutume sous ses cheveux de jais et son oeil aigu, attaché fixement à l'horizon des flots s'y plongeait avec l'expression indéfinissable d'une fille du bord des mers. " C'est votre Irlande que vous cherchez, lui dis-je, mais n'est-elle pas ici en réalité avec sa bruyère et ses plages? " - " Oh! non, s'écria-t-elle, verdure et blancheur ne sont pas ici comme là-bas ; là-bas, c'est moins rude et plus découpé; C'est ma patrie tout humide au matin, verdoyante d'herbe et ruisselante de fontaines. Les cimes, les lacs de l'Irlande reluisent au soleil comme ces cristaux de ma chambre. Oh ! non, toute l'Irlande n'est pas ici! " L'accent de souffrance dont elle prononça ces derniers mots, m'avertit que c'était moins encore aux lieux qu'aux êtres éloignés que s'adressait son regard. En descendant par beaucoup d'inégalités de terrain, et en suivant la trace déchirée d'un ruisseau qui courait au rivage, nous étions arrivés à la chapelle où elle devait prier.

http://www.logoslibrary.eu/pls/wordtc/new_wordtheque.w.t?w=embrasât&l=fr 


Posted by mardibri at 2:57 AM EST
Sunday, 7 March 2010
Complement au logiciel sorti avant-hier pour le DSi XL : NINTENDO 100 Livres Classiques
Mood:  hungry
Topic: Reversi

Post-scriptum fin 2013 : création d'un nouveau topic REVERSI où je compte mettre mes tournois fétiches. 

 

Quoique je sois peu disposé à soutenir que ce soit pour un homme une faveur extraordinaire de la fortune que de naître à l'assistance publique, je dois pourtant dire que, dans la circonstance actuelle, c'était ce qui pouvait arriver de plus heureux à Olivier Twist : le fait est qu'on eut beaucoup de peine à décider Olivier à remplir ses fonctions respiratoires, exercice fatigant, mais que l'habitude a rendu nécessaire au bien-être de notre existence.

Pendant quelque temps il resta étendu sur un petit matelas de laine grossière, faisant des efforts pour respirer, balança pour ainsi dire entre la vie et la mort, et penchant davantage vers cette dernière. Si pendant ce court espace de temps Olivier eût été entouré d'aïeules empressées, de tantes inquiètes, de nourrices expérimentées et de médecins d'une profonde sagesse, il eût infailliblement péri en un instant ; mais il n'y avait là personne, sauf une pauvre vieille femme, qui n'y voyait guère par suite d'une double ration de bière, et un chirurgien payé à l'année pour cette besogne,

Olivier et la nature luttèrent seul à seul. Le résultat fut qu'après quelques efforts, Olivier respira, éternua, et donna avis aux habitants du dépôt, de la nouvelle charge qui allait peser sur la paroisse, en poussant un cri aussi perçant qu'on pouvait l'attendre d'un enfant mâle qui n'était en possession que depuis trois minutes et demie de ce don utile qu'on appelle la voix. Olivier criait de toute sa force. S'il eût pu savoir qu'il était orphelin, abandonné à la tendre compassion des marguilliers et des inspecteurs, peut-être eût-il crié encore plus fort. 

 

Slogan dragonne : Il n'y a pas que Dumas, Hugo, Maupassant et Zola parmi les grands écrivains dans le domaine public...

 

 ... Dès demain, un autre auteur pour vous donner envie (ou non) d'aller plus loin avec lui. 


Posted by mardibri at 5:13 PM EST
Updated: Thursday, 19 December 2013 2:29 AM EST

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